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Le FRANCAIS
25 février 2013

Le temps d'une histoire...

 

Il était une fois, une jeune fille qui écrivait des histoires. Pour cela, elle utilisait beaucoup l'imparfait, car ce temps permettait de planter le décor, de faire des descriptions et bien d'autres choses encore. A vrai dire, il avait tellement d'utilité qu'elle le mettait à toutes les sauces. C'était un des principaux temps du récit.

De même, elle avait pris l'habitude d'employer le plus-que-parfait, car ce temps, fils de l'imparfait, avait reçu à sa naissance une fonction importante : celle de parler du passé dans le passé. Il était toujours resté fidèle à sa mission, et personne n'avait jamais rien trouvé à lui reprocher.

Un beau jour, le passé simple surgit sans prévenir dans une histoire de la jeune fille ! Il s'éclaircit alors la gorge, prit un air grave et prononça les mots suivant :
- Je fus créé il y a des siècles et des siècles, jeune fille, pour exprimer des suites d'actions, ou encore des actions soudaines et courtes. Néanmoins, la plupart des gens me rejetèrent du langage oral, me trouvant trop compliqué à leur goût. Je fus alors réservé aux écrivains, qui firent de moi un des principaux temps du récit avec ton ami l'imparfait, et depuis, ils ne purent plus jamais se passer de moi.

Dès que le passé simple eut terminé de parler, le passé antérieur eut tôt fait d'apparaître, mais le pauvre eut presque aussitôt disparu, sans avoir pu prononcer le moindre mot.

- Hum hum, je me permets d'ouvrir un dialogue pour entrer moi aussi dans ton histoire ! fit soudain le présent à la jeune fille. Je ne vois pas pourquoi l'imparfait ou le passé simple y sont et pas moi ; il n'y a aucune raison, je trouve ça égoïste ! J'invite d'ailleurs tous les autres temps à se manifester, eux-aussi !

- Tu as eu raison de protester, vieux frère ! intervint le passé composé. On nous a trop longtemps oubliés, alors le temps est venu de prendre notre revanche ! On a fait nos preuves dans beaucoup de récits, et de grands écrivains nous ont déjà utilisés !

- De toute façon, aucun de nous n'épargnera ton histoire, même si nous ne serons probablement jamais les principaux temps du récit comme l'imparfait et le passé simple ! ajouta à son tour le futur. Pour ma part, je pourrai toujours profiter d'un dialogue pour faire mon apparition, et quiconque essaiera de m'en empêcher sera victime de ma fureur !

- Quand chacun des temps aura été représenté dans ton récit, quand tous seront apparus au moins une fois, alors seulement tu auras fait un vrai travail d'écrivain, jeune fille ! lança le futur antérieur.

- Je dirais même plus que sans moi et mes amis, tes récits ne ressembleraient pas à grand chose ! dit le conditionnel présent à la jeune fille sur un ton de reproche.

- Eh oui, tu n'aurais pas pu te passer de nous bien longtemps, surenchérit le conditionnel passé. Tu aurais pu écrire quelques paragraphes, tout au plus, mais tu serais vite tombée en panne d'inspiration !

- Qu'on se calme, les amis ! ordonna le subjonctif présent d'un ton impérieux. Bien que cette jeune auteure ait visiblement une préférence pour certain temps plutôt que d'autres, qu'on ne lui en tienne pas rigueur avant qu'on en sache la vraie raison !

- Soit ! Alors... Qu'elle nous ait fourni une explication avant que ce texte ait pris fin ! exigea le subjonctif passé.

- Mais, je... je... je ne savais même pas qu'autant de temps existaient ! balbutia la jeune fille en utilisant encore l'imparfait.

- Vous voyez, elle continue à n'utiliser que l'imparfait dans ses phrases, lança le présent sur un ton accusateur.

- Mais non, se défendit la jeune fille, je n'avais pas la moindre... euh... plutôt, je n'ai pas la moindre intention de vous ignorer. C'est vrai, je ne m'en suis pas rendu compte jusqu'ici, j'ai juste oublié de vous utiliser !

- Facile à dire ! firent tous les temps en choeur.

-Je ferai attention à l'avenir, jura l'accusée sur un ton implorant. Pour vous le prouver, je ne mettrai un point final à ce texte qu'une fois que je vous aurai tous utilisés et que vous m'aurez pardonnée, promis juré !
D'ailleurs ce ne
serait pas très respectueux de ma part, je dirais même odieux, de ne pas faire ça pour vous : vous auriez alors eu raison de me haïr, et vous seriez tombés juste en me traitant d'égoïste !
Mais que chacun d'entre vous
soit rassuré, car bien que j'aie la parole depuis tout-à-l'heure, il n'y a pas un seul d'entre vous qui n'ait pas été employé et qui ne soit pas apparu au moins deux fois dans mes propos !

Les temps, qui deux secondes auparavant étaient encore sous le coup de la colère, se regardèrent l'air hagard :

- Elle dit vrai ! s'exclama le présent abasourdi, après un temps de réflexion.

- Elle nous a tous utilisés ! Je n'y ai même pas prêté attention ! renchérit le passé composé.

- Décidément, cette petite m'étonnera toujours ! fit le futur.

- Ça alors, on aura tout vu ! ajouta le futur antérieur.

- Je voudrais bien ré-écouter, moi, juste pour vérifier... fit le conditionnel présent d'un air suspicieux.

- T'aurais dû être plus attentif, fréro ! rétorqua le conditionnel passé.

- Que tout le monde lui fasse ses excuses ! proposa le subjonctif présent.

- Tout ça sans que j'aie rien remarqué... sans que j'aie rien remarqué... se répétait inlassablement le subjonctif passé, incrédule.

 

 

 

 

 

 



 

 

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